Campagne
du pont d'Aubonne Contre la répression et l'impunité |
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Aubonne au jour le jour: le 15 février, suite du procès contre la police
C'est dans une ambiance tout à fait partiale que le procès a repris ce matin. Les policiers qui témoignaient hier à la barre sont aujourd'hui chargés d'assurer “la sécurité” du palais de justice... Lors de sa plaidoirie, maître Garbade a une nouvelle fois mis en exergue les différents mythes sur lesquels repose la défense des deux accusés (concernant par exemple la situation soi-disant chaotique à l'arrivée des policiers ou la mise en danger des automobilistes). Il a d'autre part relevé différentes failles du côté de l'instruction dans cette affaire, comme celle du refus systématique (pendant plus d'un an) du premier juge d’instruction d'entendre les témoignages de différents activistes ou journalistes présents sur les lieux du drame. Il condamne une nouvelle fois les actes "instinctifs" et "irresponsables" des deux accusés, et évoque la tendance largement répandue (ici et ailleurs) à assurer l'impunité des corps de police en invoquant la nature de leur exercice. Au vu des différents témoignages et des preuves vidéo,
il est évident que les accusés sont coupables de la plainte
(aussi légère soit-elle) qui leur est portée: «lésions
corporelles simples et graves pour négligence». D'autre part, il semble suivre la logique que maître Garbade avait prédite: "L'impunité est fondée sur l'idée selon laquelle la faute incombe à la victime...". Il continue à chercher les coupables chez les activistes et refuse de se pencher réellement sur les fautes commises par les accusés. Il justifie l'abandon des deux plaintes en évoquant, d'une part, un contexte extrêmement stressant: les flics dépassés par les évènements (évoquant les évènements ayant eu lieu dans le canton de Genève, qui n'a rien à voir avec la police du canton de Vaud, les jours précédant et suivant l'action du pont d'Aubonne!) et d'autre part, il monte toute une argumentation pour faire valoir que sur le plan subjectif, l'accusation par négligence n'est pas valable. Et de terminer sa plaidoirie par une magnifique réflexion: "
(...) S’il n'y avait eu personne de suspendu, le coup de couteau
n'aurait jamais blessé personne." On ne parlera pas ici des plaidoiries des deux avocats de la défense, car elles n'en valent pas la peine selon nous. Leur stratégie est la même que celle du ministère
public: porter l'accusation sur les victimes pour discréditer les
accusations portées aux accusés.
Encore une fois, les questions et les témoignages ont tourné autour des problèmes de compréhension linguistique. Il s’agissait de déterminer pourquoi le sergent-major Poget n’avait pas informé son subordonné Deiss, alors que ce dernier se trouvait dans une situation totalement inhabituelle. Tous les témoignages renforcent donc l’idée selon laquelle les mesures de sécurité mises en place pour la protection du G8 ont été ignorées par la majorité des policiers impliqués dans l’intervention. Ces mesures comprenaient notamment l’application du concordat intercantonal des polices; la diffusion d’une doctrine d’engagement donnant la priorité au maintien du contact avec les manifestants; l’interdiction de prendre des décisions individuelles, etc. Quant à la Cour, elle semble chercher à justifier l’incompétence des policiers par le fait que ce type d’action leur était inconnu. L’avocat des plaignants a, par ailleurs, souligné que l’ambulance a été appelée à 11 h 29 et non à 11 h 17, comme le prétendent les policiers; soit douze minutes après le sectionnement de la corde. En plus d’avoir été totalement incompétents, les accusés ont donc fait preuve d’une inconscience condamnable. Chaque policier y va de ses contradictions et la langue de bois semble toujours de mise… à demain! Bêtisier du mercredi 14 février "Pour M. Poget, il y a une sensibilité particulière
par rapport à l'autoroute,(...) - Comment auraient-ils pu toucher
à "Mon" autoroute??...Poget est né sur l'autoroute
comme Obélix est tombé dans la potion magique!"
"Je me sens plus proche des idées altermondialistes que de
celles du président américain Bush" "Quand il n'y a pas de chef, il y a toujours une certaine tendance
à l'anarchie!" "Claude, on aurait fait comme toi!" "La justice ne soutient pas une personne qui construit son chalet
dans un couloir à avalanches..." dit l'avocat de Poget citant
un de ces collègues. "Monsieur Poget s'apprête à prendre sa retraite (...)
il doit sortir blanchi de votre tribunal." Aubonne au jour le jour: le 13 février, début du procès contre la police Poget, le gradé, et Deiss, celui qui a coupé la corde, ont comparu aujourdhui. Ils ont été suivis à la barre par plusieurs témoins: une demi-douzaine de policiers, puis deux activistes dIndymedia et une des manifestant.e.s du pont. La plupart des policiers ont déclaré quils étaient dans limpossibilité dentendre leurs radios pendant toute lintervention: soit à cause du bruit que faisait le moteur de leur véhicule de service, soit parce que la situation était trop chaotique. Il est clairement apparu quaucun système de communication adéquat nexistait entre les policiers présents sur les lieux avant que le gendarme schaffhousois coupe la corde et au moment même où il la fait. Deiss sen est tenu à son histoire invraisemblable: il ne savait pas que deux personnes étaient suspendues à la corde et la simplement coupée «instinctivement», sans juger nécessaire de demander la permission à son supérieur. Il na rien demandé non plus au collègue qui se tenait à un mètre de lui et faisait de gros efforts pour maintenir la corde en lair. Il a dit quil voulait dégager la route parce que le convoi du G8 arrivait et que leurs ordres (ceux quils ont daigné écouter ) étaient de faire passer le convoi par la route principale. Lhistoire de Poget, visant à expliquer ses raisons davoir créé la situation qui a mené à lacte de son subordonné, révèle une attitude tout aussi bornée et instinctive: il a dégagé la route dans les cinq secondes où ils sont arrivés, en détruisant la première banderole de sécurité. Après cela, il a agressé une cameraman et dit quil nen avait «rien à foutre» que les manifestants se blessent ou «quils se cassent la gueule». Poget a continué sur sa lancée juste après que la corde a été coupée: «On va embarquer toute cette équipe de mafia de merde » Il voulait parler des manifestants qui étaient sur le pont, tous très choqués par ce qui venait darriver. Fidèle à sa parole, il na rien entrepris pour venir en aide aux grimpeurs, dont lun sétait écrasé en contrebas et lautre est restée pendue à son bout de corde pendant trente longues minutes, dans une situation terriblement traumatisante. Les questions ont été beaucoup plus agressives et rigides envers lactiviste dIndymedia et la militante chargée des relations avec la police. Ce qui a été considéré comme «lattitude normale dun avocat», y compris les questions hors sujet posées aux témoins des militants, dans le but évident de les intimider et de les discréditer. Par exemple, les avocats de la police ne semblaient pas capables dintégrer que le groupe des manifestants navait pas de chef! Aujourdhui, lundi, les auditions ont duré jusquà
19 h. Les débats reprendront demain matin, mardi, à 8 h 30. Le bêtisier du jour: «On communiquait par téléphone portable avec le PC,
parce que les radios utilisées dans ce secteur n’étaient
pas opérationnelles...» «Qu’avez-vous dit à Deiss?
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